Greenwashing

C’EST LA CHARGE AU ‘’DÉVELOPPEMENT DURABLE’’ QUI A PERTURBÉ LA GRANDE PLÉE BLEUE

J’ai parcouru l’article Un patrimoine naturel unique rendu accessible au public dès le printemps 2016 dans le mensuel LÉVIS’informe de février 2016 à la page 10.

https://www.ville.levis.qc.ca/uploads/media/LEVISinforme_Fevrier2016.pdf

En tant que premier intervenant ayant été impliqué dans la conservation et la protection de la tourbière de la Grande plée Bleue, je dois rectifier certaines assertions qui avancent que faire du « développement durable » tout en conservant cet habitat unique va de soi.

La grande confusion part des termes utilisés et ralliant des groupes et individus qui pourtant ont une vision et une pratique opposées en matière d’environnement. Le malentendu porte sur les termes « développement » et « durable ». Premièrement, si vous consultez le dictionnaire Le Petit Robert, quels sont les verbes, les actions associées au mot « développement » ? Ce sont les actions de dérouler, de déplier ce qui est enveloppé sur soi-même, de déployer, de donner toute son étendue à quelque chose, de développer dans toute son extension. Ce sont aussi les actions de disposer sur une plus grande étendue, de supprimer l’ordre, l’action d’arrangement des choses, de rendre plus grand, plus important, d’agrandir, d’augmenter les dimensions, de rendre plus ample. Les synonymes sont: défaire, accroître, amplifier, élargir, déployer, croître. En conclusion, y avez-vous lu les actions « protéger » et « conserver » ?

Quant à la « durabilité », est-ce qu’elle porte sur le développement ou sur l’écosystème? Bien sûr, les pollueurs, les développeurs acharnés et ceux qui font passer le profit avant la survie planétaire, avec cette confusion des termes, se donnent facilement un habit vert et se confondent dans la masse, ce qui se manifeste par le « greenwashing ».

Faire du « développement » et faire de la « protection » exigent des attitudes psychologiques qui amorcent des comportements différents, sous-entendant dans un cas un rapport au monde impliquant des actions offensives (développement), et dans l’autre, des actions défensives (protection, conservation).

Si on revient à la définition du mot « DÉVELOPPER » avec ses synonymes, on peut appliquer ceux-ci à certaines interventions humaines qui ont eu des conséquences sur la tourbière de la Grande Plée bleue.

Au fil de l’histoire de la Grande plée Bleue, la logique du « développement » s’est imposée et a permis en 1884 à la compagnie Chemin de fer Intercolonial de DÉPLOYER une voie ferrée qui a finalement coupé en deux l’écosystème. Par la suite, pendant les années 1958 à 1960, les activités humaines se sont AMPLIFIÉES avec la Société d’aménagement des fermes, laquelle a tenté d’assécher le milieu par drainage et par l’ÉLARGISSEMENT des bras des rivières à la Scie et des Couture et du ruisseau Saint-Claude sur un réseau de 40 km. Le 17 août 2004, un déversement de produit pétrolier a eu lieu et a réussi à DÉFAIRE (détruire) le couvert végétal existant dans une petite zone du côté nord-est. En terminant, la construction d’une piste de motoneige et d’autres activités n’ont fait qu’ACCROÎTRE la présence humaine.

Alors, si on avait affaire à du « développement durable », il y aurait soit de la production de tourbe, soit une piste d’atterrissage, soit un golf, soit une culture de canneberges, donc une perturbation significative de l’habitat.

Donc, quand vous entendrez ou vous utiliserez l’expression « développement durable » la prochaine fois, rappelez-vous que l’action de « développer » d’une façon répétée dans le but de faire du « greenwashing » dans un milieu physique, un écosystème, se traduit par des perturbations anthropiques (causées par les humains) écologiques multiples et cumulatives et que la « protection » d’un territoire quel qu’il soit passe par l’exclusion de telles activités. La sur-utilisation de l’expression revient à faire l’éloge de ces perturbations multiples et à les prolonger sur une longue période de temps tout en nous faisant croire que notre comportement est consciencieux et conséquent parce que « durable ». Oublions le développement durable pour qualifier l’initiative et la décision de faire de notre précieuse tourbière une réserve écologique et parlons plutôt d’action environnementale consciente et cohérente.

Jean-Paul DOYON

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http://jpdinitiateurgpb.com/evenements-auxquels-la-grande-plee-bleue-a-ete-confrontee-le-drainage-des-milieux-humides/

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